Actualité du Fait Maison : le gouvernement veut renforcer l’appellation

Avec le renforcement du label «Fait maison» qui devrait devenir obligatoire d’ici à 2025, le gouvernement entend mieux protéger les consommateurs et préserver la gastronomie nationale.

Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée du Commerce et de l’Artisanat, défend le label « Fait Maison » obligatoire, pour valoriser et rendre plus lisibles (et visibles) les cartes des 175.000 restaurants en France. En effet, étant facultatif à ce jour le label n’a pas eu le succès escompté, depuis sa mise en place en 2014.

«Nous devions agir», s’est ainsi exprimée la ministre dans l’hebdomadaire la Tribune Dimanche, expliquant que «la mention “fait maison”», aujourd’hui «facultative sur les cartes», restait «compliquée» et «de ce fait, peu utilisée». Alors que «quelques semaines de concertation sont encore prévues avant l’ouverture d’un débat parlementaire», les nouvelles mesures serviront un triple objectif : protéger le consommateur, défendre les restaurateurs qui proposent à leurs clients des plats réellement préparés sur place et préserver la gastronomie nationale, classée au patrimoine culturel immatériel mondial de l’Unesco en 2010.

Pour pouvoir afficher sur sa carte le « Fait Maison », certains critères doivent être respectés. Il faut notamment que les plats soient «confectionnés sur place», c’est-à-dire dans les locaux où sont servis les clients. Seule exception pour les traiteurs et les marchands ambulants (food truck, stand sur un marché…) qui peuvent afficher le logo «Fait maison», même si leurs plats sont fabriqués en dehors du lieu où ils les vendent. Autre critère à respecter : celui de cuisiner «à base de produits frais ou crus». Si ces différents aliments sont mis dans un emballage, conditionnés ou conservés, «ils doivent l’être crus et sans autre aliment hormis le sel», souligne le ministère. Rien ne s’oppose non plus à la congélation ou à la surgélation, «dès lors que ces méthodes de conservation ne remettent pas en cause le caractère cru du produit».

«Davantage de transparence»

Interrogé lundi 6 octobre sur France 2 à ce sujet, Thierry Marx, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) au niveau national, a justement rappelé que «la concurrence» et «l’ubérisation» du secteur de la restauration nécessitaient aujourd’hui de remettre «davantage de transparence sur les cartes des restaurants». Le chef doublement étoilé, qui plaide depuis plusieurs mois pour un renforcement du label, estime en effet qu’il faut aujourd’hui «réaccélérer un peu les choses» pour que «ceux qui font bien soient récompensés face à ceux qui, parfois, trichent un peu». «La gastronomie française est un repère et, dans un contexte où les Jeux Olympiques vont arriver, on doit rassurer nos amis touristes sur la transparence de nos appellations». Lui évoque le chiffre de «54% de restaurants qui font du “fait maison” et qui souffrent d’être comparés en termes de prix à d’autres qui, eux, nen font pas».

Parmi les 50% restants, certains restaurateurs utilisent des «produits sourcés, ou transformés parfois sur place à 80%», mais «évidemment, ce n’est pas du tout du “fait maison” comme on pourrait s’y attendre dans un restaurant», souligne Thierry Marx. Pour autant, lui défend également le «pas “fait maison”» dans la mesure où un restaurateur peut tout à fait, selon lui, «acheter une pâte feuilletée chez le boulanger d’à-côté» ou «un pâté chez le charcutier du coin de très bonne facture» mais «on peut le dire, car on n’a rien à cacher». «Et je crois que c’est cette transparence dont nous avons besoin absolument, pour montrer que la gastronomie française ne triche pas», conclut-il, avant de rappeler que le «fait maison» est exigeant et parfois «compliqué», notamment en raison «du sourcing», «du prix des matières premières» et «du nombre de collaborateurs nécessaires pour faire du “fait maison”». Finalement, tout est question de transparence.

En attendant d’en savoir plus sur les nouvelles mesures, on peut déjà se féliciter de ce projet ambitieux, qui va dans le sens de l’action des Artisans du Goût et des Cuisineries Françaises au quotidien. Cette visibilité permettra de motiver de nombreux chefs pour nous rejoindre dans notre vision d’une filière artisanale indépendante et forte.

Sources : La Tribune du Dimanche – Le Figaro